La Supply Chain joue un rôle important dans la lutte contre le gaspillage alimentaire notamment via l’optimisation de la gestion des entrepôts. Ainsi, l’utilisation d’un WMS peut s’avérer être un levier efficace. Néanmoins, précisons d’abord qu’en France, la production annuelle de déchets alimentaires atteint 10 millions de tonnes. De plus, chacun d’entre nous produit 30 kg de déchets par an dont 7 kg de déchets alimentaires non consommés encore emballés.
Au niveau mondial, selon la FAO, 1,3 milliard de tonnes de produits comestibles sont gaspillés chaque année. Aussi, 28% de la superficie agricole mondiale sert à produire de la nourriture qui finira au rebut. Un gaspillage dont le coût est estimé à pas moins de 750 milliards de dollars par an. Ces chiffres sont plus que préoccupants notamment au vu de la situation environnementale actuelle. Le problème est d’autant plus inquiétant que la production alimentaire mondiale risque de ne pas faire le poids face à l’augmentation de la population mondiale.
Comment luttons nous contre le gaspillage
alimentaire ?
Les initiatives pour limiter les dégâts ne manquent pourtant pas et elles ne datent pas d’hier. Les organisations internationales, notamment la FAO, se sont lancées dans la bataille dès les années 70 avec le programme Prevention of Food losses mais aussi l’initiative Save Food. Plus récemment, nous avons constaté l’émergence de nouveaux concepts tels que NOUS anti-gaspi ou encore les applications too good to go et phenix. Les distributeurs participent à cette lutte avec, par exemple, les dons aux banques alimentaires. Nous pouvons également souligner les initiatives comme celle de Monoprix et de Sols & Fruits. En effet, cette dernière consistent à valoriser les fruits « moches ». Elle a été distinguée par le Trophée ECR 2014 « lutte contre le gaspillage alimentaire ».
En outre, il existe un encadrement légal, avec la loi Garot notamment. En effet, elle est d’abord entrée en vigueur en 2016 puis a été renforcée au 1er janvier 2022. Cette loi anti-gaspillage oblige les grossistes, dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 50 millions d’euros, à ne pas détruire les invendus ainsi qu’à contrôler la qualité des dons. Il est vrai qu’elle oblige également les magasins alimentaires de plus de 400 m², à proposer une convention de don pour la reprise de leurs invendus alimentaires encore consommables. En cas de non-respect, les sanctions les plus importantes peuvent aller jusqu’à 0,1 % du chiffre d’affaires. En parallèle, la loi issue des États généraux de l’alimentation (EGalim) renforce ces règlementations en 2018. Par exemple, elle étend les obligations énoncées plus haut au secteur de la restauration.
Les freins à cette lutte
S’il est clair que la lutte contre le gaspillage alimentaire s’impose pour des raisons économiques, écologiques, sociales et éthiques, et qu’elle nécessite l’implication de tous, le problème n’en demeure pas moins complexe. Les problématiques sont différentes selon les pays. Les pertes interviennent essentiellement au niveau de la production agricole dans les pays en développement. Quant aux pays développés, elles s’observent essentiellement au niveau du commerce de détail et des consommateurs.
Concernant la France, les foyers seraient responsables de 33% du gaspillage alimentaire, la distribution de 23%, la transformation de 21% et les 32% restant étant le fait de la production agricole. (Source : Ministères Écologie Énergie Territoires) Le phénomène est par ailleurs aussi bien le fait de pertes (l’aliment étant devenu impropre à la consommation) que de gaspillages (l’aliment est jeté alors qu’il reste comestible).
Le rôle de la Supply Chain dans cette lutte
Enfin, il s’agit d’un phénomène qui touche tous les maillons de la chaîne logistique alimentaire. En effet, les pertes interviennent aussi bien au niveau de la récolte que du stockage, de la transformation et de la distribution et soulèvent des questions aussi diverses que celles du transport, de l’emballage, des manipulations, des DLC, de la conservation, des moyens logistiques des banques alimentaires, etc.
Ainsi, mieux contrôler les stocks et minimiser les pertes sont des enjeux primordiaux de nos jours. D’une part, l’utilisation d’un WMS est fortement recommandée. En outre, une attention particulière doit être porté sur le maintien et la bonne gestion de la chaîne du froid. D’autre part, la date limite de consommation, la date de durabilité minimale ainsi que le numéro de lot devront être intégrés dans les codifications des produits. Cela participe à la une meilleure gestion des stocks.
Remarquons également que, d’après une étude du Boston Consulting Group, il est possible de réduire le gaspillage de 150 milliards de dollars par an grâce à des solutions logistiques plus sophistiquées. De plus, en adoptant des processus et des outils digitaux pour la Supply Chain, on contribuerait à une réduction du gaspillage de 120 milliards de dollars par an. Les professionnels de la logistique sont donc en première ligne de cette lutte.