« On ne peut plus se contenter d’uniquement gérer l’entrepôt, il faut désormais piloter les flux »
J. FELFELI, Acteos
Interview de Joseph FELFELI, PDG d’Acteos Réalisée le 21/12/2015 par
Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique « Entrepôt, les leviers de productivité ».
Pouvez-vous s’il vous plaît commencer par nous rappeler la mission de l’entrepôt ?
Aujourd’hui, la configuration idéale pour satisfaire les besoins des consommateurs est d’opérer des flux directes entre les lieux de production et les lieux de consommation. Et ce, sans passer par une étape de densification (entrepôt) et de dispersion. Ce mode opératoire génère deux problèmes : le premier est d’ordre économique et le deuxième est d’ordre psychologique du consommateur lié à sa perception du taux de service.
Quand le consommateur décide d’acquérir un produit, il le veut immédiatement, quel que soit le canal de distribution concerné. L’entrepôt s’impose comme une réponse aux deux problèmes formulé auparavant. Par conséquent, le stock devient une grandeur de régulation des flux pour garantir un taux de service client. De plus, il permet de remédier aux demandes aléatoires d’une part et d’optimiser économiquement les processus logistique d’autre part en mutualisant les flux.
– avec le e-commerce, les délais de livraison sont cruciaux. Si le client visite un site marchand qui propose une livraison plus tardive ou plus chère, il pourra aisément s’orienter vers un site concurrent.
– en point de vente, la problématique est toujours la même mais le risque de perte d’une vente est moindre pour l’acte concerné. Le consommateur ayant déjà fait un trajet pour se rendre en magasin, il lui est pénible de se déplacer dans un nouveau point de vente s’il ne trouve pas le produit. Par contre, pour ses prochains achats, le client risque de privilégier une enseigne différente.
La disponibilité des produits est donc cruciale. De plus, la garantir dans un délai acceptable par le consommateur, nécessite d’avoir un stock de régulation et donc un entrepôt.
Quels sont les enjeux actuels auxquels la gestion d’entrepôt est confrontée ?
Comme je viens de l’évoquer, l’entrepôt joue un rôle prépondérant dans la disponibilité des produits.
Le problème réside dans les coûts qui lui sont inhérents. En particulier en cas de situation de surstock. Celui-ci est très couteux avec notamment des risques de péremption pour les références périssables et d’obsolescence pour les autres articles.
Une optimisation des stocks doit donc être effectuée. Il convient de déterminer quelle quantité de quels produits doivent être stockés, et où ils doivent l’être pour obtenir le meilleur rapport disponibilité / coût. Et c’est ici où commence la limite des solutions îlots du Supply Chain Management.
En effet, si les coûts de la disponibilité sont élevés, les prix de vente vont augmenter et l’entreprise risque de ne plus être compétitive.
Le décor est planté. Avec le développement du e-commerce, la fonction de l’entrepôt et l’optimisation des stocks multiniveau deviennent de plus en plus prépondérantes.
Peut-on alors dire que la mission de l’entrepôt a évolué depuis une vingtaine d’années ?
La mission est en fait restée globalement la même. Ce sont plutôt les contraintes qui pèsent sur l’entrepôt qui sont devenues beaucoup plus importantes.
Considérons son principal indicateur de performance : le temps de réponse par rapport à une demande. Si l’entrepôt est performant, c’est-à-dire que ses processus sont optimisés, le temps de réponse sera court.
Il y a 20 ans, il existait un canal de vente principal. Le client se rendait dans un magasin pour chercher ses produits. Les articles étaient alors à la fois stockés dans l’entrepôt, mais également sur le point de vente.
La pression sur l’entrepôt était moindre dans la mesure où la réserve des magasins leur permettait de passer des commandes hebdomadaires à l’entrepôt qui lui-même pouvait ainsi planifier ses livraisons vers les magasins.
Aujourd’hui, en plus de l’arrivée de la vente par Internet, canal pour lequel le mode de livraison diffère par nature de celui des magasins, les entrepôts sont également confrontés à la disparition des réserves dans les points de vente. Ces derniers souhaitent désormais consacrer la plus grande partie de leur espace à la vente et non au stockage. Les contraintes ont donc été déplacées vers l’entrepôt.
Dorénavant, la commande passée par un client déclenche une préparation de commandes dans l’entrepôt puis une expédition.
Qu’est-ce que cela change au niveau du besoin en système d’informations ?
Avec les anciens systèmes d’informations, l’entrepôt ne peut plus répondre aux nouvelles contraintes de satisfaction de la demande dans des conditions de coûts acceptables.
Il y a 20 ans, un système de gestion d’entrepôt standard suffisait, quelle que soit sa qualité. Ces systèmes peuvent encore le gérer, mais la performance est alors limitée. C’est-à-dire que pour compenser leur faible performance, l’entreprise doit opérer avec beaucoup plus de moyens. Cela entraîne par conséquent des coûts nettement supérieurs.
Compte tenu des nouvelles contraintes que les entrepôts doivent subir on est obligé de mettre aujourd’hui des systèmes d’informations en mesure de :
- Dimensionner les stocks,
- D’optimiser le transport,
- Et d’optimiser les processus logistiques : pilotage d’entrepôt et du transport en entrée sortie.
Prenons le cas de l’automatisation. Pour augmenter le temps de réponse de l’entrepôt, elle est recommandée. Néanmoins, son coût fait qu’elle ne peut être appliquée dans toutes les situations.
En effet, le risque est qu’en obtenant un temps de réponse amélioré le produit ne soit plus vendable, les coûts de cette performance étant eux-mêmes répercutés sur le prix final au consommateur.
Il y a donc un arbitrage à réaliser entre temps de réponse et coût. Des systèmes d’informations d’aide à la décision peuvent permettre de réaliser cet arbitrage.
En résumé, de nouvelles contraintes sur l’entrepôt sont apparues. On ne peut plus se contenter de le gérer comme il y a 20 ans. Il faut désormais synchroniser les flux, optimiser et piloter les processus logistique. En particulier parce qu’il faut assurer la disponibilité du produit tout en ayant bien conscience que plus il reste longtemps en stock, plus il coûte et moins il devient vendable.
Quelles questions se poser pour savoir si son entrepôt est productif ? Sur quels leviers agir ?
Dans tous les entrepôts, il convient avant tout de distinguer la productivité atteignable de la productivité moyenne. Entre les 2 niveaux, il y a en général un écart d’environ 30% à 40%.
L’optimisation des processus dans l’entrepôt permet d’augmenter la productivité atteignable, mais n’agit pas sur la productivité moyenne. L’écart va plutôt avoir tendance à s’accroître.
La première question à laquelle il convient de répondre est donc : qu’est-ce qui fait qu’il y a un tel écart entre productivités moyenne et atteignable ?
L’écart est lié au fait que l’entrepôt ne sait pas planifier ses activités d’une façon agile. Il ne dispose d’aucune prévision valable. Comme il doit impérativement livrer pour garantir la disponibilité des produits, il va dimensionner ses ressources en fonction de la demande maximale. Mais comme celle-ci est périodique et aléatoire, quand la charge n’est pas conséquente, les ressources sont inutilement mobilisées. C’est la deuxième conséquence des solutions en îlot où la séparation est nette entre le purchase and sale et les processus logistiques
La deuxième question est : comment désormais choisir le système d’information pour mon entrepôt ? Si on considère que l’écart ne peut être réduit à quoi donc bon de disposer d’un système d’information d’entrepôt très performant qui va augmenter la productivité atteignable et par conséquent, l’écart entre les productivités moyenne et atteignable ?
La solution ici consiste donc à doter l’entrepôt d’outils de planification prévisionnelle. Aujourd’hui, c’est le sujet le plus important d’autant plus que le nombre d’offreurs dans ce domaine est presque inexistant. C’est pourquoi, chez Acteos, nous avons mis l’accent sur ce point.
Que propose Acteos ?
Au début des années 1980, nous avons été les premiers à livrer des systèmes de pilotage d’entrepôt en temps réel permettant d’augmenter considérablement la productivité atteignable et aujourd’hui, nous sommes l’un des rares éditeurs à offrir des solutions de planification prévisionnelle visant à réduire l’écart entre productivités moyenne et atteignable.
Pour répondre à la problématique du coût de la disponibilité d’un produit, vous êtes obligés d’adresser simultanément trois problématiques :
– l’approvisionnement des produits
– l’optimisation des processus de l’entrepôt
– l’optimisation des processus transport.
Et ceci dépend d’une prévision unique et multiniveau.
Pour répondre à ces problématiques, Acteos a développé son moteur de calcul prévisionnel multiniveau. Ce dernier se situe au-dessus de l’approvisionnement (Acteos FPS), de l’entrepôt (Acteos WMS) et du transport (Acteos TMS). Ce système de calcul prévisionnel est unique et transverse dans l’entreprise.
Il génère des stocks de sécurité optimisés et dynamiques pour ne subir ni ruptures ni surstocks aussi bien en produits qu’en ressources.
Ainsi, dans le cadre de la gestion et du pilotage de son entrepôt, la société pourra dimensionner son personnel permanent. En effet, cela lui permettra d’assumer les charges minimales de l’entreprise. Pour combler les pics, sur la base de la connaissance exacte de ses besoins prévisionnels en ressources, elle sera en mesure de négocier :
- avec les sociétés d’intérim, la mise à disposition de ressources actives quand il s’agit d’opérateurs,
- avec les sociétés de location de matériel, la mise à disposition de ressources passives quand il s’agit de matériel.
Avec notre moteur de calcul prévisionnel, nos clients peuvent ainsi complètement maîtriser les stocks. Et cela, aussi bien au niveau produits qu’au niveau ressources que ce soit dans l’entrepôt ou dans le transport.
Quels sont aujourd’hui les principaux critères utilisés par les professionnels dans le choix de leur futur WMS ?
Aujourd’hui, au moment du choix pour l’équipement d’une solution de gestion d’entrepôt, les professionnels cherchent avant tout à établir quels sont leurs besoins fonctionnels et à les décrire.
Ils regardent ensuite l’offre WMS sur le marché et comparent les fonctionnalités des différents produits. Cela dans l’optique de voir lesquels semblent le mieux correspondre à leurs besoins.
Cependant, compte tenu de la maturité du marché du WMS, d’un point de vue fonctionnel, ils ne vont pas trouver de différences notables.
Finalement, c’est plutôt la capacité du système à optimiser les processus dans l’entrepôt qui devrait constituer le principal critère. Néanmoins, ce sujet n’est jamais abordé dans un appel d’offres.
Du fait que les réseaux sans fil se sont généralisés et que tous les systèmes de gestion d’entrepôt proposent une interface dite informatique embarquée, les clients ont tendance à croire que toutes les solutions sont en mesure de piloter l’entrepôt et d’optimiser les déplacements en temps réel. Ici le seul indicateur de performance valable est celui de la productivité atteignable.
Or, c’est bien là que réside la différence majeure entre les offres du marché. Dès lors que vous utilisez l’informatique embarquée uniquement pour remplacer les bons de commande papier, vous n’avez rien gagné. Le client doit donc faire attention à la façon dont le WMS pilote les processus et optimise les déplacements qui constitue tout de même 70% des coûts d’exploitation dans l’entrepôt et s’assurer que le système dispose réellement des moteurs de prévision et d’optimisation de déplacement en temps réel.
Les différences sont énormes et c’est là où le client final peut être amené à prendre la mauvaise décision.
Pouvez-vous illustrer l’importance du pilotage de l’entrepôt ?
Quand vous consultez la décomposition des coûts d’exploitation de l’entrepôt, vous allez vous rendre compte que 70% sont liés aux déplacements dans l’enceinte du bâtiment. Si vous ne disposez pas des moteurs en mesure d’optimiser les emplacements des cases de stockage et de préparation de commande et d’optimiser les déplacements des caristes vous êtes bloqués.
Le pilotage de l’entrepôt permet ainsi en particulier d’apporter des réponses aux 2 questions suivantes :
– Où doivent être stockés les produits en réserve et en case Picking. ?
– Comment optimiser les déplacements?
Un système de calcul prévisionnel donne au professionnel une supervision de l’évolution des classes de rotation de ses produits pour qu’il puisse optimiser le slotting (NDLR : gestion des emplacements) et ainsi minimiser les temps de déplacements de ses opérateurs.
Je le répète, pour pouvoir optimiser les process, le système d’optimisation du pilotage est crucial, mais n’est pourtant jamais demandé dans les appels d’offres.