Alors que la part de véhicules électriques progresse chez les particuliers et dans les transports urbains, le fret terrestre reste aujourd’hui largement dominé par les camions à moteur thermique. Le ferroutage n’arrive pas à être rentable et complique la gestion du réseau ferroviaire. Quant aux véhicules équipés de batterie électrique, leur autonomie reste encore bien trop faible pour les longues distances. Mais bientôt, une nouvelle technologie pourrait devenir une alternative crédible : l’autoroute électrique.
Le projet d’autoroute électrique
Dévoilé cet été par la presse allemande, un accord signé entre Siemens et l’État de Californie renverse la donne. En effet, ils ne tablent plus sur des véhicules électriques, mais sur l’électrification du réseau routier lui-même. Dès juillet 2015, quatre prototypes de poids lourds, qui ne sont pas sans rappeler les trolleybus du siècle dernier, circuleront sur une portion d’autoroute de 3,2 kilomètres de l’Interstate 710 équipée de caténaire. À terme, l’objectif est de relier les ports de Los Angeles et Long Beach, un axe d’une trentaine de kilomètres largement fréquenté par les poids lourds.
Le projet baptisé « eHighway » est le fruit d’essais lancés en 2011 par Siemens et Mercedes sur une ancienne piste d’atterrissage allemande. Ils ont notamment permis de tester différentes configurations d’utilisation. Parmi elles, nous pouvons citer : accélération, freinage, changement de file, doublement, mouvements latéraux…
Le fonctionnement
La technique consiste à installer une caténaire au-dessus d’une voie rapide. Ensuite, les poids lourds et les cars assurent leur propulsion en captant l’électricité grâce à un pantographe. Les prototypes développés peuvent rouler à 90 km/h. Ils sont équipés de logiciels conçus pour détecter la présence d’une ligne électrique et s’y brancher de façon automatisée via des connecteurs placés sur le toit. Ils passent alors d’une propulsion électrique hybride similaire au système utilisé sur la Toyota Prius à une propulsion
100% électrique.
Chez Volvo aussi l’idée que l’électricité vienne de l’infrastructure plutôt que de la voiture fait son chemin. Le constructeur suédois développe actuellement une technologie basée sur le concept de « conduite électrique continue ». Il s’agit ici de recharger les véhicules électriques au fur et à mesure du trajet, en faisant passer le courant dans le revêtement routier. La première application est attendue sur une bande de cent kilomètres d’autoroute en projet dans l’extrême nord de la Suède et destinée à transporter les tonnes de fer extraites d’une mine récemment ouverte vers une plate-forme ferroviaire.
La consommation et le coût des autoroutes électriques
Si des grands constructeurs automobiles investissent dans ces « autoroutes du futur » c’est qu’elles pourraient s’avérer compétitives à plus d’un titre. Ainsi, alors qu’un poids lourds consomme 35 litres de diesel aux cent kilomètres sur autoroute, soit environ 45 euros de carburant, Siemens estime qu’elle pourrait facturer 15 euros la même distance parcourue sur une autoroute électrique. De même, il faudrait compter trois millions d’euros pour construire un kilomètre de route, soit un investissement de départ beaucoup moins cher que pour le train, mais moins cher aussi qu’une autoroute classique. Enfin, les autoroutes électriques pourraient permettre de diviser par sept les émissions de CO2, de quoi intéresser les professionnels du transport soucieux de protéger l’environnement.